Comment annoncer à ses enfants qu’on vient de rencontrer quelqu’un, quand on doit bientôt partir en vacance ensemble !
- nelliefournier
- 28 juin
- 5 min de lecture
Avant toute chose : faire la paix avec soi-même
Avant même d’aborder cette conversation avec les enfants, il est essentiel de commencer par lâcher prise sur la culpabilité ou les jugements que l’on peut porter sur soi-même.
Il est facile de se reprocher de ne pas avoir « fait les choses dans l’ordre » ou d’avoir attendu le moment des vacances pour évoquer cette nouvelle relation.
Mais la réalité, c’est que chaque histoire se construit à son propre rythme, et que ce n’est pas un manquement d’avoir pris le temps nécessaire pour mieux connaître cette personne, ou pour choisir le bon moment pour en parler. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, mais au contraire une preuve de discernement : vouloir faire les choses bien, même si cela signifie les faire un peu plus tard que prévu.
Accueillir ce moment sans se juger permet de l’aborder avec plus de clarté, de sincérité, et surtout, avec plus de douceur envers soi-même et donc forcément envers ses enfants.
Ce que l’on transmet au-delà des mots
Ce processus de lâcher-prise n’est pas seulement bénéfique pour soi : il crée aussi un espace émotionnel plus apaisé pour les enfants. Car il faut se rappeler d’une chose essentielle : ce qui est évident et ressenti comme légitime pour soi tend à le devenir aussi pour l’autre.
Les enfants perçoivent très finement notre posture intérieure. Si l’on parle avec culpabilité, maladresse ou sur justification, cela envoie un message implicite qu’il y aurait peut-être, au fond, quelque chose de répréhensible à pardonner ou à juger.
À l’inverse, si l’on s’exprime avec authenticité et sérénité, en assumant calmement ses choix par un discours cohérent, on leur transmet un modèle de confiance et de stabilité, qui devient un repère rassurant.
Comment annoncer son nouveau conjoint à ses enfants :
1. Choisir le bon moment
Optez pour un moment calme, où vous avez leur attention et du temps devant vous. Évitez les périodes de stress (examen, dispute récente, fatigue…).
2. Leur parler en toute simplicité
Adaptez vos mots à leur âge, mais soyez honnête et rassurant(e). Par exemple :
« J’ai envie de vous parler de quelque chose d’important. Depuis quelque temps, j’ai rencontré quelqu’un que j’apprécie beaucoup. On apprend à se connaître, et c’est quelqu’un qui me rend heureux(se). »
3. Rassurer sur leur place
Les enfants peuvent craindre d’être "remplacés". Dites-leur clairement que votre amour pour eux ne change pas :
« Ça ne change rien à l’amour que j’ai pour vous. Vous restez ma priorité. »
Vous pouvez aussi avoir une pensée rassurante concernant l’autre parent, après tout c’est aussi une part de son identité, donc sa place.
« Ça ne change rien non plus au respect que j’ai pour votre maman/papa. Parce que justement elle/il reste votre maman/papa quoi qu’il se passe. Et elle/lui aussi rencontrera quelqu’un, et votre devoir d’enfant sera de l’accueillir avec respect. »
4. Clarifier le lien avec les vacances
S’ils n’ont jamais rencontré cette personne et que les vacances approchent, soyez prudent(e). Annoncez-leur avec tact, c’est-à-dire sans imposer quoi que ce soit mais sans laisser paraître une ambiguïté (rappelez-vous ce qui est ferme pour vous, l’est pour l’autre), et surtout en laissant toujours une porte de sortie au cas où (si les enfants se braquent, vous êtes bon pour devoir attendre 6 mois avant de retenter la manœuvre !) :
« J’aimerais que vous fassiez sa connaissance pendant les vacances. Rien ne presse, et on prendra le temps de faire les choses à votre rythme. »
5. Laisser place aux réactions
Ils peuvent être surpris, silencieux, ou même en colère. Ne vous précipitez pas pour les "convaincre". Écoutez et montrez que leurs sentiments sont valables et légitimes :
« Je comprends que ça puisse te faire drôle, et je suis là si tu veux en parler plus tard. »
Exemple qui peut vous guider :
« J’ai quelque chose d’important à vous dire. Ce n’est pas un secret, ce n’est pas une annonce pour vous surprendre, c’est juste une part de ma vie que je veux partager avec vous maintenant. Depuis quelque temps, j’ai rencontré quelqu’un. C’est une personne que j’apprécie beaucoup, qui me fait du bien, avec qui je me sens bien. On apprend à se connaître, et c’est devenu important pour moi. Je veux que vous sachiez que cela ne change rien à l’amour que j’ai pour vous, ni à la place que vous avez dans ma vie. Vous êtes ma priorité, et cette relation ne vient pas remplacer quoi que ce soit — elle ajoute quelque chose dans ma vie d’adulte, mais ce n’est pas en opposition avec vous. Cette personne viendra peut-être à un moment pendant les vacances. Ce n’est pas pour bousculer nos habitudes, mais pour qu’on puisse, doucement, faire connaissance. Je n’attends rien de spécial, juste que les choses se passent naturellement, à votre rythme. Je comprends que ça puisse vous faire drôle, ou même que vous ayez besoin de temps. Vous pouvez poser toutes les questions que vous voulez, ou me dire si quelque chose vous gêne. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction, je suis là pour en parler avec vous. L’important, c’est qu’on puisse continuer à se dire les choses. J’ai confiance en vous, en nous. Ce que je vous demande, c’est juste de garder le cœur ouvert, comme moi je le fais avec vous. »
Et lorsque vous faites l’annonce de votre rencontre à votre adolescent !
1. Comprendre son point de vue
Avant toute chose, essayez de vous mettre à sa place. Comme pour un enfant, un ado peut vivre votre rencontre comme une menace à l’équilibre familial, une peur d’être remplacé ou abandonné, ou une forme de trahison envers l’autre parent (même s’il y a divorce depuis longtemps).
Conseil : Plus vous reconnaîtrez ses émotions comme légitimes, plus il sera possible de restaurer un dialogue.
2. Créer un espace pour en parler (sans l’imposer)
Évitez de forcer la discussion si l’adolescent bloque, dites-lui quelque chose comme :
« Je comprends que ce soit difficile pour toi. Je ne vais pas te forcer à parler, mais je suis là quand tu te sentiras prêt. »
Conseil : Cela permet de respecter son rythme, tout en laissant une porte ouverte.
3. Clarifier votre position
Quand le dialogue est possible (même brièvement), vous pouvez exprimer que votre vie sentimentale évolue, mais sans remettre en cause votre amour et votre rôle de parent ; que cette nouvelle personne ne remplacera ni lui, ni l’autre parent ; que vous souhaitez avancer doucement et respecter ses limites.
« Je suis toujours ta mère/ ton père, rien ne changera ça. Cette relation ne diminue en rien l’amour que j’ai pour toi. »
4. Donner du temps et éviter les confrontations
Si l’adolescent reste fermé ne pas insister chaque jour, mais revenir régulièrement avec bienveillance. Ne pas le culpabiliser : « Tu ne fais aucun effort » pourrait le braquer encore plus.
Conseil : Laissez lui le droit de ne pas être content, mais pas celui de manquer de respect
5. Gérer la rencontre avec votre partenaire
N’imposez pas de rencontre tout de suite. Laissez votre adolescent choisir le moment et exprimer ses conditions (voir l’autre personne brièvement, en terrain neutre, etc.)
6. Envisager une aide extérieure si le blocus persiste
Si après plusieurs semaines (ou mois) le dialogue est toujours rompu, il peut être utile d’en parler avec un thérapeute, proposer une médiation parent-ado (souvent bien acceptée en cabinet)
En conclusion :
Il n’y a pas de moment parfait pour ce type d’annonce, mais il y a des états d’esprit plus fertiles que d’autres : ceux où l’on se parle avec bienveillance, lucidité et respect.
Les enfants s’adaptent plus facilement quand les choses sont dites avec simplicité, cohérence, et sans précipitation.
Ce n’est pas l’annonce en elle-même qui est déterminante, mais la manière dont elle est vécue et transmise.
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